Mardi 22 juillet :
Ce matin c'est
ravitaillement à Farmington car ce soir nous campons à nouveau dans les
immensités du désert du Nouveau Mexique (camping sauvage bien sûr !).
L'objectif est le même que la dernière fois : profiter de la lumière de début
et de fin de journée et éviter de randonner sous le soleil brûlant de la
mi-journée. Pour cela il faut dormir au plus près des lieux à visiter, donc
rien de mieux que le camping sauvage (autorisé ici car nous sommes sur des
terres qui appartiennent au gouvernement).
Nous prenons la route
371 pour nous rendre à notre première destination. Cette route nous « rapproche »
un peu de notre périple en Asie d'une façon assez paradoxale car elle est
rebaptisée « Vietnam Veterans Memorial Highway » en hommage aux
vétérans de la guerre du Vietnam.
Grandes lignes droites
à perte de vue et paysages monotones (nous sommes sur un plateau complètement
plat et avec une végétation de type herbe rase grillée par le soleil), c'est
l'idéal pour s'endormir. Heureusement la limitation de vitesse est correcte :
65 mi/h soit 105 km/h. Nous pouvons donc rouler à bonne allure. Le principal
risque est d'écraser un des nombreux chiens de prairie qui traversent la route
de façon inconsidérée. On dirait qu'ils attendent une voiture pour traverser
juste devant. Une attitude suicidaire incompréhensible. Heureusement pour eux,
pour le moment nous avons réussi à tous les éviter, mais parfois il faut donner
de sacrés coups de volant ou de freins !
Notre destination de
cet après-midi est pour le moins méconnue. Nous n'aurions pas pu y aller il y a
seulement une année. Elle n'était connue que de quelques très rares initiés qui
gardaient le secret sur sa localisation précise. Sur internet on trouvait
quelques photos, on savait à peu près dans quelle zone géographique il fallait
chercher, mais rien, absolument rien quand à un début d'indice pour essayer de
cerner une localisation plus précise.
Jusqu'à ce que quelques
allemands passionnés par l'ouest américain se mettent en tête de trouver
l'endroit. Il leur aura fallu du temps et de l'énergie : études intenses des
photos satellites de la région (merci GoolgleEarth !) et nombreuses randonnées
infructueuses pour parvenir à découvrir leur Graal. Comme ces allemands sont
partageurs, aujourd'hui internet permet de trouver la clé de l'énigme : les
coordonnées GPS de l'oiseau rare et la façon d'y arriver.
Une vingtaine de
kilomètres de pistes, faciles au départ et plus sommaires par la suite ...
... nous amène au point
de départ de notre randonnée. Nous ne croisons personne sur ces pistes à part
quelques vaches qui ont l'air très étonnées de nous voir ici ...
... et des chiens de
prairie qui montent la garde.
Aucune trace de pneus
sur la dernière partie de la piste, cela signifie que personne n'est venu ici
depuis les dernières grosses pluies. La zone est très loin d'être devenue
touristique.
Si jusqu'à maintenant
nous avons souvent été dans des endroits isolés, jamais la formule « au
milieu de nulle part » n'a eu autant de sens. Nous avons l'impression
d'être seuls au monde, sur un plateau désertique à plus de 1 900 mètres
d'altitude.
Seule touche de couleur
dans cette immensité désertique, la fleur d’un cactus. Nous n’en verrons qu’une
seule.
Après un bon petit
pique-nique nous nous offrons un peu de repos en attendant 15h, l'heure à
laquelle le soleil commence tout juste à être un peu moins agressif.
C'est parti pour une
randonnée hors des sentiers balisés d'un peu plus de 5 kilomètres aller-retour.
Nous nous dirigeons uniquement avec les coordonnées GPS récupérées sur internet
(espérons qu'elles soient exactes). Le début est facile, nous progressons sur
le plateau, mais la suite est un peu plus compliquée : il faut franchir une
zone de badlands plus mouvementée topographiquement parlant. La randonnée
devient intéressante. Nous sommes à nouveau dans des paysages incroyables.
Dans les badlands la
progression n'est pas aussi rapide : fini le plat, nous retrouvons l'alternance
de montées et de descentes.
Nous faisons quelques
écarts par rapport à notre route théorique pour explorer quelques petites zones
de hoodoos.
Nous continuons notre
progression jusqu'à rejoindre King of Wings, le Roi de Ailes. Si nous avons déjà
rencontré quelques « ailes » minérales avant-hier à Bisti Badlands,
elles étaient sans comparaison possible avec celle-là. King of Wings mérite
bien son titre royal car elle est immense (6 à 7 mètres d'envergure dont 4 à 5
mètres de porte à faux) et défie toutes les lois de la gravité.
Nous ne retournons pas
trop tard jusqu'à notre voiture car ce soir nous avons prévu de camper au
départ de la randonnée que nous avons programmée pour demain matin. Et si les
éléments sont de la partie, nous aimerions bien assister au coucher de soleil
là-bas.
Après une trentaine de
kilomètres de bonnes pistes nous arrivons à Ah Shi Sle Pah, une nouvelle zone
de badlands. La tente est rapidement montée (moins de 5 minutes) : nous sommes
devenus de vrais pros !
Beaucoup de nuages
commencent à s'amonceler dans les environs. Avec le soleil qui persiste à faire
valoir ses droits pour rester présent malgré tous ces nuages, cela pourrait
bien être un cocktail parfait pour un coucher de soleil réussi. Nous décidons
donc de descendre au cœur des badlands pour rechercher un hoodoo qui pourrait
servir de premier plan si le coucher du soleil venait à tenir ses promesses. Ceux-là
semblent parfaits, ...
... il ne reste plus
qu'à attendre.
Bingo ! Ce soir nous
avons droit à un superbe coucher de soleil, extraordinaire de couleurs grâce
aux nombreux nuages. Un coucher de soleil comme on n'en voit que très rarement.
distance randonnée(s) de la journée = 9 km / distance randonnées cumulée = 230 km