Mercredi 26 mars :
Autant
le dire tout de suite, le tour que nous avons fait aujourd’hui, même si il
n’est pas dénué d’intérêt, ne figure pas parmi les choses à faire absolument
lorsqu’on visite le Vietnam sur une courte durée.
A
8h15 un minibus passe nous prendre à notre hôtel. Il y a déjà quelques
personnes à son bord. Le minibus sillonne la ville pendant encore trois quarts
d’heure pour prendre les autres participants (nous serons environ 25). Ce n’est
que vers 9h que nous prenons la route de Tay Ninh située à environ 3 heures de
route de Ho Chi Minh Ville.
Située
aux confins du Vietnam, près de la frontière cambodgienne, cette province est
le siège de l’une des plus étranges religions qui ait vu le jour au Vietnam. Créée
dans les années 1920 par un petit fonctionnaire de l’administration coloniale,
le caodaïsme tente de faire une synthèse entre les doctrines orientales et
occidentales afin de créer une religion universelle. Son principe de base,
c’est qu’il n’existe qu’un seul dieu, commun à toutes les religions. Le
Caodaïsme est censé prendre ce qu’il y a de meilleur dans toutes les
religions : bouddhisme, confucianisme, taoïsme, christianisme et islam. Le
Caodaïsme compterait aujourd’hui près de 2 millions de fidèles, principalement
dans le sud du Vietnam.
A
Tay Ninh est installé le Saint Siège caodaïste. Cet édifice illustre
parfaitement cet étrange assemblage de spiritualités et de doctrines si
différentes. On ne sait pas s’il s’agit d’une pagode qui veut ressembler à une
église ou une église qui se prend pour une pagode.
Partout
on retrouve le symbole du Caodaïsme : un triangle enfermant l’œil divin.
Dans
l’entrée une vaste fresque représente les trois missionnaires divins envoyés
comme guides spirituels de l’humanité : Sun Yat Sen, le fondateur de la
république chinoise, Nguyen Binh Khiem, un grand poète vietnamien, et Victor
Hugo !
Chaque
jour, des cérémonies ont lieu à 6h, 12h, 18h et minuit. Lorsque nous arrivons,
la cérémonie de midi vient de commencer. Un groupe de musiciens enveloppe les
lieux d’une mélodie envoutante, tandis que les fidèles, vêtus de blanc,
ânonnent leurs prières. Aux premiers rangs se tiennent les dignitaires vêtus en
jaune, en bleu ou en rouge.
Pendant
les cérémonies l’accès des touristes est strictement limité à l’arrière de l'église et aux galeries qui dominent la nef. Nous ne pourrons pas visiter plus
en détail l'église car à 12h40 précises notre bus repart. La cérémonie est
tout juste terminée et l'église n’est pas encore rouverte au public.
Direction
un tout petit resto perdu dans une petite ville. Assez étonnamment, nous y
mangeons bien ! Nous partons maintenant pour la deuxième visite de la
journée : les tunnels de Cu Chi.
Haut
lieu de la guerre du Vietnam, les tunnels de Cu Chi offrent un témoignage
saisissant de l’ingéniosité et de l’acharnement mis en œuvre par les
vietnamiens face à l’extraordinaire puissance militaire déployée par les
américains dans ce secteur. Cet immense réseau de galeries souterraines
creusées à la main par les vietcongs (près de 200 km) permit aux maquisards
vietnamiens de résister à l’une des armées les plus puissantes et les plus
sophistiquées du monde. Les tunnels s’étagent souvent sur plusieurs niveaux et
jusqu’à 7, voire 9 mètres de profondeur.
Malgré
des bombardements intenses réalisés par des bombardiers B52, des attaques
terrestres à l’aide de chars et d’équipes spécialement entraînées et l’usage
massif de défoliant, d’essence et de napalm, les tunnels de Cu Chi ne furent
jamais pris ni détruits par les forces américaines.
La
section de tunnel que nous visitons a été élargie de 20 cm et approfondie de 40
cm. Néanmoins, descendre dans ces boyaux étroits et humides, le dos voûté,
constitue une expérience unique et assez impressionnante. Après y avoir passé
quelques minutes, il est difficile d’imaginer que des soldats et des civils y
passaient plusieurs journée d’affilée en attendant que cessent les
bombardements. Dans ces réseaux toute une vie s’était organisée :
bunkers, cuisines, dortoirs, réfectoires, magasins, infirmeries, … Civils et
soldats vietcongs du maquis y vécurent dans des conditions atrocement
difficiles.
Lorsque
nous rentrons à Ho Chi Minh en fin de journée, c’est l’heure de pointe. Nous
sommes pris dans un gigantesque embouteillage de scooters …