Samedi 30 août :
Après une bonne heure
de route nous arrivons à Kings Canyon et Sequoia, deux parcs nationaux qui forment une seule et même entité. Ces deux
parcs abritent les plus grands et les plus beaux bosquets de séquoias géants de
la planète.
Une nouvelle fois nous
avons droit à un ciel couvert alors que la météo nous avait annoncé un grand
soleil. Tant pis, il faut faire avec ! Notre journée entière est consacrée à la
découverte des séquoias, des arbres majestueux. Pour cela nous faisons trois
belles balades, seize kilomètres au total, au milieu d'arbres grands comme des
immeubles de vingt étages et vieux comme la Bible.
Difficile de faire ressentir
la taille de ces arbres sur une photo. Peut-être que celles-ci peuvent aider à
se faire une meilleure idée du gigantisme des séquoias.
Ou alors avec un point
de vue un peu plus original. A la place du photographe, on se sent vraiment tout
petit !
Sur la base du volume
de bois, les séquoias sont les plus imposants arbres de la planète. Lors de nos
balades, nous rencontrons trois des quatre plus « volumineux » arbres
de la planète. Pas mal pour une seule journée !
Nous vous les
présentons, du plus « petit » au plus grand :
* Le Président, classé
en quatrième position.
* Le Général Grant, qui
est non seulement le troisième plus « grand » arbre au monde, mais qui
a également été désigné comme étant un mémorial vivant dédié à tous les soldats
américains morts au combat. Il possède un autre titre de noblesse : c'est
l'arbre de Noël national.
hauteur
: 82 m - circonférence à la base : 33 m - poids : 1 325 T - âge estimé : 1 700
ans
* Le Général Sherman
est l'arbre le plus volumineux au monde. Son sommet est mort mais l'arbre, lui,
est toujours bien vivant et défend son titre avec vigueur. Même s'il ne gagne
plus en taille puisque son sommet est sans vie, le diamètre de son tronc
continue de croître.
hauteur
: 84 m - circonférence à la base : 31 m - poids : 1 385 T - âge estimé : 2 200
ans
Malgré ses 2 200 ans,
le Général Sherman n'est pas le plus vieux séquoia recensé. Le plus vieux a 1
000 ans de plus. 3 200 ans, un âge qui mérite franchement le respect. Malgré
leur âge vénérable, les séquoias, qui font partie des plus vieux organismes
vivants au monde, ne meurent pas de vieillesse. Généralement, leur mort est tout
simplement due à leur chute !
Tous les séquoias âgés
ont connu de nombreux incendies de forêts. Sur quasiment tous les grands
séquoias on en voit les traces. L'écorce des séquoias les protège du feu, sauf
des flammes les plus chaudes. Certains arbres très endommagés par le feu
continuent malgré tout de vivre, à condition qu'ils aient suffisamment d'écorce
intacte.
Avec en moyenne un
incendie naturel tous les 5 à 15 ans dans un secteur donné, imaginez le nombre
de feux qu'un séquoia plus que millénaire a pu endurer.
Longtemps dans les
parcs de Sequoia et de Kings Canyon, comme partout ailleurs, on a combattu les
feux de forêt en pensant qu'ils n'engendraient que destructions et désolation.
Les incendies naturels causés par les orages ont également été bannis. Avec le
temps des conséquences inattendues sont apparues. La suppression des feux de
forêt a entraîné le blocage de processus naturels qui ont engendré d'importants
problèmes.
La conséquence la plus
visible était que les séquoias ne se reproduisaient plus. On s'est rendu compte
que le feu créait les conditions dont les séquoias ont besoin pour se
régénérer. Les feux laissent derrière eux un sol fertilisé avec de la cendre,
et ils ouvrent la canopée ce qui permet à la lumière du soleil d'atteindre les
jeunes pousses. Le feu est également quasiment indispensable au processus de
germination des séquoias car avec les écureuils, c'est lui qui « ouvre »
les pommes de pin et permet ainsi aux graines d'avoir une chance de donner la
vie.
Autre problème,
l'accumulation de bois mort et la croissance d'une végétation de petite taille
ont augmenté dans des proportions considérables. Sans feu pour les faire
disparaître, ces éléments vont devenir de gigantesques réservoirs de
combustibles qui transformeront le plus petit des incendies en un véritable
déluge de feu beaucoup plus dangereux pour la flore, la faune et les êtres
humains, qu'un incendie naturel « classique ».
La suppression des feux
de forêt a également modifié profondément la nature même des forêts. Elles se
sont retrouvées constituées quasiment uniquement d'arbres matures. Les forêts
sont devenues « vieillissantes », alors qu'une forêt saine devrait
abriter des arbres de tous âges. En parallèle, les espèces végétales et
animales qui vivent dans les jeunes forêts disparaissent.
Aujourd'hui les parcs
nationaux, après avoir étudié les effets des incendies, les utilisent comme un
outil de gestion des forêts afin de faire profiter ces dernières des bénéfices
apportés par le feu. Ainsi, des feux contrôlés sont initiés par les services
des parcs nationaux et certains feux naturels ne sont pas combattus.
En fin d'après-midi les
nuages disparaissent et nous pouvons enfin faire quelques photos avec un vrai ciel
bleu.
Un peu avant de
terminer notre dernière randonnée, coup de chance, Michèle aperçoit deux ours
noirs qui déambulent tranquillement à une cinquantaine de mètres de nous. Après
une petite dispute pour une banale histoire de nourriture, le plus petit des
deux ours prend la fuite. Son compère reste près d'un quart d'heure à nos côtés
à chercher de quoi manger dans les environs.
Sur cette série de
photos où « nounours » est en train de manger, on voit clairement ses
griffes. Facile de comprendre pourquoi les ours sont si dangereux ! Il y a
d’ailleurs des morts tous les ans. Les plus dangereux des ours sont les
femelles lorsque qu’elles sont avec un ou plusieurs petits. Une règle d’or à
respecter, en plus de la distance de sécurité, ne jamais être placé entre une
mère et son petit.
Nous qui étions
persuadés de rentrer en France sans avoir vu d'ours, nous sommes comblés. La
nature nous a fait un beau cadeau ce soir !
distance randonnée(s) de la journée = 16 km / distance randonnées cumulée = 480,5 km