Lundi 25 août :
Aujourd'hui nous
débutons la découverte de la partie centrale et de la partie nord de la
Californie. Nous connaissons très peu cette région et nous n'avons ni guide, ni
préparation. Il faudra donc que nous nous organisions au jour le jour et que
nous comptions sur notre sens de l'improvisation.
Direction Bodie, 240
kilomètres plus au nord. Nous allons y voir une ghost town, une ville fantôme. La
météo nous avait annoncé une superbe journée ensoleillée, mais assez vite sur
la route, les nuages nous rejoignent. Ils ne nous quitteront quasiment plus de
la journée.
Nous arrivons à Bodie
en fin de matinée.
En 1859 deux chercheurs
d’or tombent sur un des plus importants gisements d’or de Californie dans une
région perdue où naitra bientôt la ville de Bodie. Durant les années 1860 et
1870 les mines de Bodie ne connaissent pas une grande activité du fait de la
présence d’importants gisements déjà en exploitation dans la région. Seulement
quelques prospecteurs y travaillent. Ce n’est qu’en 1877 que la ville connut un
développement important. A son apogée, en 1879, Bodie comptait 8 500 habitants
et 2 000 bâtiments dont plus de 60 saloons. C’est à cette époque que Bodie
gagna sa réputation sans égal de ville dangereuse et dépravée. Des meurtres y
étaient commis avec une régularité monotone, parfois quotidiennement. Une jeune
fille qui emménageait dans cette ville écrivit dans son journal « Je te quitte mon Dieu, je vais à Bodie ».
Cette phrase devint célèbre à travers tout l’ouest des Etats-Unis.
Mais l’époque glorieuse
de Bodie fut de très courte durée. Dès 1881 le déclin commença avec l’épuisement
des principaux filons. En 1886 la ville ne comptait plus que 1 500 habitants.
Six ans plus tard un incendie désastreux détruisit de nombreux bâtiments. A la
fin du 19ème siècle, l’apparition du processus de traitement du
minerai au cyanure et l’utilisation de l’électricité, une énergie peu couteuse,
permit à la ville de connaitre un nouvel essor. Malheureusement, en 1932 un
nouvel incendie détruisit 90 pourcents de la ville. Dans les années 1940 Bodie
devint une ville fantôme.
Au total près de 10 000
tonnes d’or seront extraites des mines de Bodie.
En 1962 un parc d’état est
créé pour protéger les bâtiments qui avaient échappé à l’incendie de 1932.
Depuis, il n’est pas entrepris de restaurations lourdes, mais on tente de
conserver les bâtiments dans l’état où ils étaient à la création du parc. C’est
la politique du maintien dans un état de « délabrement figé ». Mais
95 pourcents des bâtiments d’origine ont succombé aux ravages du temps, du feu
et des intempéries.
Aujourd’hui lorsqu’on
visite Bodie, on se retrouve plongé dans une autre époque. On s’attend à
rencontrer à un coin de rue les hommes et les femmes qui vivaient ici il y a un
siècle.
Les habitations ont
encore une âme et certaines, particulièrement bien conservées, semblent encore
vivantes.
L’intérieur des
bâtiments, malheureusement inaccessible, contient toujours ce qu’il y avait dedans
lorsque leurs occupants les ont abandonnés.
Quelques bâtiments
publics sont encore debout :
* l’église méthodiste
construite en 1882 (la seule restant aujourd’hui à Bodie) :
* l’école, construite
en 1879, qui était une pension à l’origine :
* la caserne de
pompiers :
* la prison :
On trouve aussi
quelques commerces qui ont survécu aux incendies et aux outrages du temps …
… dont la banque (seul
le coffre-fort subsiste), une scierie et l’atelier du forgeron.
Comme les nuages
continuent à dominer le ciel sans partage, nous reportons à demain, en espérant
que le soleil sera de la partie, la visite que nous avions prévue au lac Mono.
Nous avons donc du
temps de disponible pour faire la visite guidée de l'usine de traitement du
minerai d'or. En raison des risques que présente cette zone, il est impossible
d'y accéder en dehors des tours guidés. La visite est sans doute intéressante,
mais notre guide parle très vite et avec un accent très prononcé. Résultat,
nous n'avons pas compris grand-chose à toutes ses explications.
Cette usine a fait
preuve d’innovation. On peut même dire qu’elle était en avance sur son temps,
car c’est ici que pour la première fois, en 1892, un bâtiment fut alimenté en
électricité par une ligne électrique longue distance (21 kilomètres). Une
percée technologique qui se propagea rapidement dans le monde entier.
distance randonnée(s) de la journée = 4,5 km / distance randonnées cumulée = 444 km