Dimanche 4 mai :
Ce
matin à 9 heures une jeune guide de l’ethnie des Hmong Noirs (travaillant pour Sapa O'Chau, la "social enterprise" avec laquelle nous avons réservé notre trek) vient nous
chercher à l’hôtel. Elle s’appelle Mo et elle a 29 ans. Nous allons passer les
trois prochains jours en sa compagnie. D’un naturel plutôt timide, elle
s’avèrera être une guide prévenante, à l’écoute de ses clients et très
intéressante. Elle parle un anglais très correct (bien meilleur que le nôtre),
qu’elle n’a appris qu’en écoutant les voyageurs qu’elle accompagne. Elle sait
se servir d’un appareil photo reflex bien qu’elle n’en ait jamais eu. Comment
elle a appris ? En regardant faire les touristes qu’elle guide. Elle
connait même les meilleurs endroits pour faire les photos (toujours en
observant les touristes). Nous nous entendrons très bien avec Mo est elle loin
d’être étrangère au fait que nous garderons un excellent souvenir de ce trek.
C’est
parti pour 14 kilomètres de randonnée. Le temps restera couvert toute la journée mais pour une fois nous n'aurons pas de pluie. Nous quittons Sapa à pied et entamons
une grande descente jusqu’au petit village Hmong Noir de Cat Cat. Nous sommes quatre :
Mo, nous deux et une mamie Hmong Noir de 55 ans. Qui est-elle ? Nous ne le
savons pas plus que vous. C’est une des traditions de Sapa : quand un
groupe part faire une randonnée il est suivi par une ou plusieurs femmes issues
des minorités des environs de Sapa. Pourquoi ? L’espoir de leur vendre un
peu d’artisanat local. Nous lui expliquons à plusieurs reprises que nous ne
sommes pas intéressés mais rien n’y fait, elle nous suit. Au bout d’un quart
d’heure nous abandonnons et elle fait maintenant pleinement partie de notre
troupe. Nous discutions tous ensemble car elle aussi maîtrise assez bien
l’anglais.
La
descente jusqu’à Cat Cat n’est pas la partie la plus intéressante de notre
trek. Elle nous même jusqu’à une petite cascade.
C’est
maintenant que notre trek commence réellement. Nous abordons une zone de
rizières en terrasses et rapidement nous sommes rassurés. Nous étions inquiets
car nous avons pris un vrai « risque » : nous savons
parfaitement qu’à cette époque les rizières des environs de Sapa ne sont pas
encore vertes, mais nous espérions, sans en avoir l’assurance car c’est un peu
tôt dans la saison, qu’elles seraient en eau. C’est le cas, pas pour toutes les
rizières, mais pour une proportion suffisante pour pouvoir profiter de ces
paysages magnifiques. Nous avons ainsi trois couleurs : des rizières en
eau, des rizières couleur terre et des parcelles vertes (il s’agit des semis de
riz qui seront plantés dans les rizières d’ici un à deux mois).
Nous
sommes en pleine période de labours. Deux méthodes coexistent : la méthode
traditionnelle avec les buffles et la méthode moderne avec les motoculteurs.
Contrairement aux apparences, ce n’est pas plus simple avec les motoculteurs
car il faut les transporter jusqu’aux différentes rizières alors que le buffle,
lui, se déplace tout seul !
Nous
quittons cette première étendue de rizières pour traverser un paysage plus
montagneux.
Nous
arrivons près du petit village de Y Linh Ho. Ici les rizières en terrasses,
transmises de génération en génération ont une centaine d’années. Elles sont
encore plus impressionnantes que les premières que nous avons rencontrées. Par
endroit elles sont d’une géométrie parfaite. Les paysages de cette région ont
réellement été modelés par des générations de paysans. Nous restons bouche bée
et essayons d’imaginer ces paysages sous le soleil et avec des rizières toutes
vertes, ou mieux encore couleur or, juste avant les récoltes.
Nous
sommes dimanche : pas d’école aujourd’hui. Nous rencontrons donc pas mal
d’enfants.
Grosse
frayeur avec les petits garçons qui chevauchent le buffle. Après avoir fait la
photo, Jean-Michel s’approche d’eux pour leur montrer. Alors que d’habitude les
buffles sont des bêtes très placides, celui-ci prend peur et se lève d’un seul
coup. Tout se passe bien pour le petit en rouge. Mais le petit en bleu décolle,
fait une espèce de saut périlleux et retombe par terre sur le dos. Il se met à
hurler. Jean-Michel et son père accourent. Heureusement plus de peur que de
mal. Une photo supplémentaire suffira à le calmer. Aussi incroyable que cela
puisse paraître le père du petit s’est excusé auprès de Jean-Michel ! Nous
n’avons vraiment pas dû visiter le même pays que ceux qui disent être mal reçus
au Vietnam !
Il
est 13 heures, cela fait 5 heures que nous marchons. Nous nous arrêtons dans un
« boui-boui » pour déjeuner (riz frit). C’est le moment que choisit
notre accompagnatrice Hmong, qui nous suit depuis 5 heures, pour nous proposer
ses marchandises. Impossible pour nous de ne rien lui acheter même si les prix
qu’elle nous demande sont bien plus chers qu’à Sapa. Après avoir fait sa vente,
elle nous quitte et rentre chez elle. Il faut avoir la santé pour faire une
vente dans cette région !
Nous
reprenons notre randonnée jusqu’au village de Lao Chai, le village où habite
Mo, notre guide.
Notre
guide nous demande si cela nous ferait plaisir d’aller voir sa maison. Nous lui
disons que oui mais à condition que cela ne dérange pas sa famille. Elle a 2
enfants : un garçon de 10 ans et une fille de 12 ans. Elle nous montre
leur école et nous arrivons chez elle. Avant d’arriver, elle nous explique que
son mari est très malade, qu’il ne peut rien faire ni dans les rizières, ni à
la maison. Elle gère seule sa petite rizière, ses trois cochons, ses canards et
son métier de guide. Ses enfants font à manger et s’occupent de son mari lorsqu’elle
n’est pas là. Elle habite une petite maison en bois très simple, le sol est en
terre battu et il n’y a que peu de choses à l’intérieur. Son mari semble
effectivement très malade et quasiment fou. Nous sommes très marqués de voir
dans quelles conditions elle et ses enfants vivent.
Nous
reprenons notre randonnée. Encore quelques kilomètres et nous arrivons à la maison d’hôtes qui nous
accueille ce soir. Nous y rencontrons un couple de Lituaniens très sympathiques.
Nous serons donc quatre touristes à être accueillis dans cette famille. Le
dîner que nous partageons avec notre famille d’accueil et les deux guides est
excellent. Après ce dîner les deux guides rentrent chez elles jusqu’au village
voisin de Lao Chai (dans la journée notre guide nous avait demandé la
permission de rentrer chez elle ce soir pour pouvoir s'occuper de sa famille).