Nous devons retrouver Soon, notre chauffeur de tuk-tuk, à
11h. Pourquoi si tard ? Parce que nous avons un rendez-vous en fin de
journée calé à 17h45 précises. Nous avons donc le temps de faire un tour au
marché central de Battambang.
En sortant du marché, nous rencontrons des moines venus
des monastères voisins. Ils sont en train de collecter les aumônes de
nourriture faites par les habitants bouddhistes (nous en reparlerons lorsque
nous serons à Luang Prabang au Laos).
Hier soir nous avions revu notre chauffeur de tuk-tuk qui
nous a demandé si cela nous gênait qu’une autre personne se joigne à nous pour
les visites. Nous avons accepté, c’est donc à trois que nous partons ;
avec Monique une française à la retraite qui voyage seule à travers l’Asie
depuis quelques mois.
Premier arrêt au bamboo train. Sur cette ligne
ferroviaire désaffectée depuis de nombreuses années, les habitants ont eu
l’idée de créer leur « train ». D’abord employé pour desservir une
briqueterie et les rizières des environs, il n’est plus aujourd’hui utilisé
qu’à des fins touristiques. Il est surnommé « bamboo » train car le
plateau est réalisé en bambou. Ce plateau est posé sur 2 essieux ;
l’essieu arrière étant relié par une courroie à un moteur style tondeuse à
gazon. Ce système de fabrication artisanale a permis de résoudre un problème
délicat sur une voie unique : que faire quand deux trains arrivent en sens
opposé ? La solution est simple : l’un des trains est rapidement
démonté et posé sur le sol à côté des rails pour libérer la voie. Même si le
bamboo train n’avance qu’à 20/25 km/h, le fait d’être au ras du sol garantit des
sensations de vitesse impressionnantes !
Extrait du Guide du Routard : « Folklore garanti mais plus pour longtemps.
Le projet de réhabilitation de la voie par l’entreprise privée TSO est déjà
bien avancé. Les populations locales ont même reçu leur avis d’expulsion. En
attendant, le train circule toujours … ». Je crois qu’ils vont pouvoir
exploiter le bamboo train pendant encore un moment ! En tout cas, il y a
du travail avant de faire circuler un « vrai » train.
En quittant le bamboo train nous longeons la rivière
Sangker qui est bordée par de multiples plantations : maïs, choux,
cacahouètes, oignons, haricots, pamplemousses, mangues, fruits du dragon, etc.
…
Nous quittons la rivière Sangker pour arriver au pied
d’une colline où un escalier abrupt de 358 marches conduit au wat (temple)
Banan (rien à voir avec le fruit !). Ses 5 tours datant du XIème siècle
sont sensées avoir inspiré Angkor Vat. C’est sans doute un peu exagéré !
Nous reprenons la route, toujours au milieu des cultures.
Quelques rizières bien vertes attirent le regard. Pas de doute, la région de
Battambang est bien le grenier à riz du Cambodge !
Milieu d’après-midi, nous arrivons au Phnom Sampeu, une
montagne qui est le siège d’une importante vénération bouddhique et qui cache
des grottes à la réputation sinistre. En effet, les Khmers rouges y auraient
assassiné au moins 10 000 personnes. Les prisonniers étaient précipités
dans une des grottes (celle de la photo) depuis un trou en haut de la caverne.
17h30, l’heure de notre rendez-vous arrive. Nos
« invitées » seront-elles à l’heure ? Nous attendons quelques
minutes et elles arrivent, par milliers, par centaines de milliers. C’est la
tombée du jour et un flot continu de chauves-souris s’échappe d’une caverne
pour aller chasser. Nous avons l’impression qu’il existe une canalisation
transparente par laquelle transitent toutes ces chauves-souris. Leur sortie
dure de 25 à 30 minutes, sans aucune interruption, et les spécialistes estiment
le nombre des chauves-souris à 4 ou 5 millions. Elles ne rentreront pas avant
le lever du jour. Maintenant il fait nuit, il est temps pour nous de rentrer à
Battambang.